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tels sont, par exemple, les points de Hambourg et d’Amsterdam. D’où espère-t-on que l’eau jaillissante puisse arriver dans ces villes ? On prétend et on a raison de croire que le sol tertiaire n’est pas loin de la surface du sol, surtout dans le cas de Hambourg ; mais encore, si l’eau provient de hauteurs, elle viendra de très loin, et alors mille accidens, des failles, etc. ; peuvent interrompre son cours. Si outre ce genre de sources, il y en avait d’autres, soit sortant du fond de la terre, soit résultant d’un système de fentes, comme en Artois, d’après M. Cordier, la réussite du forage, très coûteux au milieu des sables et des matières meubles, ne serait encore qu’un pur accident. Dans tous les cas, ces forages seront très utiles à la géologie, ils nous feront connaître la constitution de masses minérales qu’on n’avait jamais cru que nous pussions examiner. Ainsi s’étend le champ de nos observations. Vous savez les résultats du sondage entrepris près de Berlin, et rapporté par M. Kloden ; en Mecklembourg, de semblables entreprises ont fait découvrir des dépôts considérables de gypse et de lignite, de marne, etc., bref, des richesses propres à l’agriculture et à l’industrie.

Quel bénéfice immense n’est-ce pas pour l’homme, habitant un sol ingrat, que de découvrir outre de l’eau potable et en abondance, de pareils matériaux fertilisans ? Nous ne doutons pas que les puits forés n’exercent la plus grande influence sur une portion considérable du globe que la nature semblait avoir faite pour rester déserte, ou faiblement habitée.On emploiera utilement des capitaux pour ramener à la surface les terres précieuses gisant sous ce sol stérile, et l’eau amenée artificiellement ou jaillissant naturellement des entrailles de la terre, achèvera de fertiliser ces contrées jusqu’ici stériles, Des canaux enfin viendront y favoriser le commerce. Telle est la perspective heureuse offerte et réservée à ces landes du S. O. de la France, à ce sol graveleux d’une grande partie de l’ancienne Bavière, à ces plaines sableuses de la Moravie, de la Hongrie, de la Russie, et même peut-être à certains déserts de sables, lorsque pressé par la multiplication de l’espèce humaine, l’homme y sera poussé et arrêtera leur mobilité nomade, en les couvrant des marnes et des calcaires qu’ils cachent maintenant.

Ce que je prédis, Messieurs, est loin d’être un vain souhait ; déjà plusieurs contrées se servent, par pur instinct de conservation, de ce moyen de vivifier le sol. Que sera-ce donc lorsque la théorie viendra se joindre à la pratique, et lorsque l’impulsion viendra des gouvernemens intéressés à l’accroissement de la population et de sa richesse ? Ne fût-ce que pour l’eau potable que les puits forés