Page:Bulletin de la société géologique de France - 1re série - 1 - 1830-1831.djvu/115

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mais bien tertiaires ; ou du moins, qu’elles remplissent la lacune observée ailleurs, entre la craie et le sol tertiaire. Vous vous rappellerez notre réponse, nos argumens, tant géologiques que zoologiques, ou théoriques. Nous pensons n’avoir pas besoin de les récapituler. Cette controverse n’est pas terminée, et elle sera utile à la science, et nous fixera davantage sur la valeur réelle des caractères zoologiques pour la détermination des terrains. Ces messieurs attachent la plus grande importance a des genres tertiaires trouvés dans un dépôt que nous croyons secondaire, et ils passent sous silence les espèces secondaires qu’ils y reconnaissent eux-mêmes ; tandis que ces dernières sont, pour nous, et presque tous les autres géologues, un motif suffisant pour ne pas croire que c’est un terrain tertiaire, mais bien une dépendance du grès vert où il y a des genres qu’on n’avait vus par hasard jusqu’ici que dans des bassins tertiaires. Nous avons donné aussi nos raisons pour ne pas adopter cette formation nouvelle qui plierait la craie aux dépôts tertiaires. Cela nous parait une pure hypothèse, au moins en Europe. Enfin nous protestons encore plus fortement contre le prétendu passage que ces messieurs veulent établir sur le pied des Alpes entre notre système à nummulites et hippurites, et le sol tertiaire. Outre que l’idée nous parait malheureuse, il faudrait d’abord prouver que les roches tertiaires du pied des Alpes diffèrent des dépôts sub-apennins, et qu’il y a des assises parisiennes ; car on ne peut pas sérieusement prétendre que le grès vert passe au terrain tertiaire supérieur.

Le grès vert des Alpes présente encore un autre sujet de controverse : vous savez que M. Brongniart classe une partie de ces grès et du système à nummulites dans le calcaire tertiaire. Cette idée plaît à l’imagination en expliquant l’absence totale des assises tertiaires sur le pied nord des Alpes au moyen du soulèvement de cette dernière chaîne, événement qui aurait suivi immédiatement la fin ces dépôts. D’un autre côté, comme ce classement amène naturellement à admettre un passage insensible du terrain crayeux au sol tertiaire, aucun géologue ayant visité les Alpes, n’a cru devoir l’adopter, sans vouloir pour cela nier qu’on ne vienne peut-être un jour à l’adopter. Cette question rentre donc dans la discussion sur l’âge du dépôt de Gosau et de certaines craies très-coquillières.

Assez récemment M. Munster s déterminé les fossiles du grès vert de Kessemberg en Bavière, et n’a cru reconnaître que des genres et même des espèces tertiaires. MM Brongniart, Murchison et Sedgwick ont accepté ce classement. Néanmoins le même