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à travers les laurentides

siècles, d’après les géologues, le continent nord-américain émergea petit à petit de son linceul de glace, il se montra avec de terribles blessures, les côtés enfoncées ; le dos troué en maints endroits, son épaisse croûte entamée et lacérée dans les parties les plus vulnérables. C’est dans ces blessures, restées béantes, que la glace s’arrêta, s’engouffra, se fondit et forma les lacs que nous trouvons aujourd’hui presque à chaque pas, et que nous sillonnons dans de frêles canots d’écorce, en chantant « Vive la Canadienne, » sans nous douter que vingt-cinq mille siècles nous contemplent !

Nous en savons assez long maintenant pour continuer notre route. La station Beaudet, que nous venons de laisser, est à une distance de 86 milles de Québec et se trouve juste en face du lac du Centre ; dans l’île du lac Édouard. Le site qu’elle occupe est un des plus pittoresques et des plus séduisants qu’il y ait dans notre pays, pourtant si fécond en beautés naturelles ; j’ose prédire qu’avant longtemps, il y aura là invasion de touristes, de pêcheurs et de familles dé-