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récits de voyages

J’entendis encore plus d’une bouche demander avec instance l’établissement d’une scierie à la rivière à Pierre, car les pauvres colons de l’endroit sont obligés de faire venir leurs planches et leurs madriers de la rivière Noire, ce qui leur coûte $7.00 par wagon, pour un trajet seulement de six milles.

Après avoir beaucoup fait parler, je repris ma marche, j’errai dans toutes les directions, je pénétrai partout où je vis une ouverture devant moi, jusqu’à ce qu’enfin fatigué, rêveur, l’âme remplie du sombre infini qui m’enveloppait, je m’assis sur un tronc d’arbre renversé, couvert d’une mousse parasite qui l’étreignait comme un suaire. L’air s’amollissait, et quelques bouffées tièdes, comme des souffles d’esprits invisibles, couraient au travers des chantiers jonchés de débris.


Déjà, depuis un assez long temps, j’étais là assis, ne pensant à rien et pensant à tout, me laissant aller au courant des réflexions et des souvenirs ; ainsi je songeais… à l’avenir des