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et variée, outre que les choses se font avec élégance et une sorte de prodigalité qui est, à mon sens, le compliment le plus flatteur qu’on puisse faire aux passagers. Il se rencontre bien par ci par là un waiter novice, qui n’est pas rompu à l’art difficile d’être en même temps aux ordres de plusieurs personnes, mais il n’en est aucun qui ne soit poli et toujours prêt. On s’aperçoit aisément que la compagnie a l’œil là dessus et que ses instructions sont rigoureuses ; on s’en aperçoit encore dans maint autre détail qu’il serait puéril de mentionner, mais dont il est bien agréable, quand l’occasion en est offerte, de recueillir le fruit. Les capitaines, vrais loups de mer, hâlés et solides comme des chênes, sont causeurs, toujours dispos, bons garçons tant qu’on veut, aimant à frayer avec les passagers, à leur donner toute sorte de renseignements, jamais fatigués de leurs questions bien des fois importunes et si souvent les mêmes, enfin, se faisant à tout et comme encore plus heureux que fiers d’être utiles.

C’est certainement grâce à la compagnie du St. Laurent si les places d’eau du bas du fleuve sont devenues si populaires, si elles se sont développées plus vite, si leur commerce a pris tant d’extension, si leur population a doublé et parfois triplé, si tant de maisons ont été construites, si tant de petites industries locales ont pris leur essor et trouvent un marché certain, si des étrangers en si grand nombre connaissent notre pays dans ce qu’il offre de plus beau et de plus intéressant et si, enfin, nous le connaissons mieux nous-mêmes,