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plus étendus encore que ceux que possède le gouverneur de toute la Confédération canadienne. Nos ministres, certainement, ne pouvaient s’attendre à des témoignages aussi magnifiques de sa part, puisqu’ils ne représentaient rien absolument, qu’ils n’allaient pas à Cuba en mission ou en qualité officielle, qu’ils n’étaient pas les ministres d’un état reconnu par les autres et que, par conséquent, ils ne pouvaient espérer qu’on fît les moindres frais officiels en leur honneur. Toutes les politesses qu’ils reçurent du capitaine-général de Cuba étaient donc à titre de simple courtoisie et tout-à-fait indépendantes des usages diplomatiques ; ce qui n’en était que plus flatteur, tellement flatteur que les deux personnages canadiens en étaient littéralement embarrassés et confus.

Ces hommages spontanés, offerts à deux de nos ministres provinciaux par le chef militaire et civil de la plus belle colonie espagnole, sont pour nous un légitime sujet d’orgueil et nous avons droit d’en être fiers, mais ils portent aussi une leçon dont il faut que nous tirions profit. L’année dernière, à un banquet offert par la ville de Québec à Lord Dufferin, les consuls de France et d’Espagne, au lieu d’être placés à la table d’honneur, avaient été mis, sans aucun égard à leur qualité officielle, parmi les souscripteurs ordinaires du banquet ; ils protestèrent dès le lendemain contre un procédé qui n’avait ni raison ni excuse ; on ne leur fit pas justice, et, depuis lors, ils se trouvent dans la position de ne pouvoir plus assister à aucune démonstration ou célébration officielle quelconque.