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Canadiens-Français ne reconnaîtront jamais d’autre fête nationale que la St. Jean-Baptiste. Ils admettent parfaitement l’autorité de l’Angleterre, ils lui sont très-soumis, ils obéissent volontiers aux lois qu’elle sanctionne pour ses provinces d’Amérique, mais à ce caractère exclusif se bornent leurs relations avec elle ; en dehors du lieu politique, il n’y a plus de rapprochement, encore moins d’affinité. En outre, le canadien-français ne comprend pas qu’on puisse lui imposer une autre fête nationale que celle qu’il a établie lui-même, que celle qu’il a choisie ; il se regarde avec raison comme le véritable habitant du Canada ; lui seul y a des traditions ; c’est là qu’est son histoire, ce sont ses pères qui ont fondé et peuplé ce pays maintenant soumis à un pouvoir étranger ; c’est lui seul qui s’appelle canadien tout court, et il est uniquement et essentiellement ce qu’on le nomme, pendant que les habitants des autres races ne veulent être absolument que des Anglais, que des Écossais ou des Irlandais. Il n’a pas seulement un caractère qui lui est propre ; il n’habite pas le Canada au même titre que les races étrangères qui l’entourent, il y est de par tous les titres réunis qui constituent une nationalité et la rattachent au sol ; appartenant à cette nationalité qui, seule, est réelle, qui, seule, est constituée par l’histoire et les traditions dans l’Amérique anglaise, il n’est donc pas prêt à admettre pour le Canada une autre fête nationale que celle qui est sienne, et, en bonne justice, on ne saurait l’exiger de lui.