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chaîne ; il est temps que tout ce qui a quelque souci de la littérature s’insurge contre elles, sans quoi on en serait inondé et le temple serait livré aux saturnales. Finissons-en ; repoussons l’invasion barbare, si nous voulons vivre, et ne permettons pas enfin qu’on nous étouffe dans le germe sous prétexte de nous embrasser.


Maintenant, je ne saurais finir sans dire un mot de la double appellation qu’on donne à l’endroit qui est le sujet de ce chapitre. On l’appelle indifféremment Malbaie ou Murray Bay. Il y a pourtant une différence ; en quoi consiste-t-elle ? « Malbaie » est un nom fort ancien ; il remonte à 1608, aux premiers temps de la colonie, et a été donné par Champlain lui-même. Plus tard, après la conquête du Canada, le général Murray, commandant des forces anglaises, divisa en 1762 la seigneurie de la Malbaie en deux parts dont il concéda l’une, appelée Mount Murray, à Malcolm Fraser, l’autre, qui prit le nom de Murray Bay, à John Nairn, tous deux officiers du régiment écossais des Highlanders. Les Canadiens ont fait de « Mount Murray » le fameux Cap à l’Aigle, connu de tous les voyageurs du continent, et ils laissent les anglais et les américains appeler à leur guise Murray Bay toute la partie ouest de la rivière qui comprend le village proprement dit et la Pointe-à-Pic.