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panorama sans limite et aussi varié qu’en apparence infini, protégée par sa position même contre tout voisinage incommodant, que M. Chamard, le propriétaire bien connu du Lorne House, veut élever un grand hôtel au capital de cinquante mille dollars, divisé en 2,000 actions de vingt-cinq dollars chacune, et, dans le voisinage immédiat, un certain nombre de cottages isolés, mais dépendant tous de l’hôtel, où logeraient les familles qui veulent vivre à part. M. Chamard a fondé à cet effet une société qu’il veut faire incorporer à la session prochaine du parlement et il a fait publier un plan du terrain qu’il a déjà acheté avec une circulaire explicative en regard. Le plan est bien fait, parce que la géométrie et le dessin sont les mêmes dans toutes les langues ; mais la circulaire, appelée Prospectus, a été rédigée par un Ostrogoth du bas empire qui ne craint pas de faire imprimer « des cottages en rapport avec l’hôtel, des affaires d’hôtellerie » et encore « Aux attractions des courses en yacht se joignent les charmes d’une magnifique nappe d’eau… » ; le voyageur d’agrément, les sentiers qui sillonnent à travers les montagnes, et vingt autres expressions de ce genre qui trahissent un mauvais anglais.

Si l’on ne savait d’avance que M. Chamard est un homme fort honorable, très versé dans les affaires d’hôtellerie, qui a su se faire une si nombreuse clientèle qu’il a été obligé de louer cette année un autre hôtel en dehors du Lorne House et un certain nombre de