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XV


Au point où nous sommes parvenus de notre course, nous avons atteint le lac Édouard et descendu le versant septentrional de la chaîne des Laurentides. Nous n’irons pas plus loin pour le moment ; arrêtons ici nos regards et contemplons l’étendue illimitée qui se déroule devant nous, qui tressaille encore de son enfantement d’hier à la vie active de la colonisation, à la lumière d’une civilisation naissante.


Maîtresse désormais de la position, après être enfin parvenue, en 1888, à poser ses derniers rails sur les bords du lac Saint-Jean, la Compagnie du chemin de fer, comme il arrive toujours après les difficultés vaincues, trouvait que son œuvre était loin d’être complétée et, déjà, se dessinaient, dans l’esprit de ses directeurs, les conceptions qui devaient aboutir aux travaux gigantesques que nous voyons s’accomplir aujourd’hui, et qui ne sont pas encore le dernier mot de cette œuvre étonnante.

Pour avoir une idée nette des nouveaux projets, remarquables par leur grandeur et leur hardiesse, que nourrissait la Compagnie, il faut avoir une notion pour le moins générale de la vaste région du Saint-Maurice, qui allait désormais entrer comme un facteur important dans