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Le chemin de fer

pouces de diamètre, dans les intervalles desquels on met des bourrelets de paille, pour se garantir de la pluie, du vent ou du froid.


Quand St. Onge arriva dans la région de la Rivière-à-Pierre, il n’y avait absolument qu’une seule hutte dans tout le pays, et cette hutte était la propriété d’un nommé Perrault, qui hébergeait chez lui trente à quarante travailleurs des chantiers de bois, probablement empilés les uns sur les autres comme les troncs d’arbres eux-mêmes. Il n’y avait encore ni chemin de voiture ni chemin de piéton à l’endroit où nous sommes, et les chevaux n’allaient pas plus loin qu’à la rivière Noire, six milles en deçà de la rivière à Pierre, et les bœufs, faute de pouvoir se diriger, se perdaient dans les bois. Le log-house de Perrault n’avait pas même de plancher ; il avait été dressé sur la terre brute et couvert grossièrement de larges feuilles d’écorce. C’était dans cette hutte, déjà habitée par 30 à 40 hommes de chantier, que monsieur et madame St. Onge s’étaient rendus à pied, à travers le bois, et qu’ils avaient passé tout l’hiver de 1884. Quand, le matin, madame St. Onge se réveillait, ses cheveux étaient littéralement pris dans une masse de frimas et il lui était impossible de les démêler, avant que le feu du poêle eût attiédi le froid de ce misérable intérieur. Pour gagner sa pension, elle lavait les effets de tous les hôtes de la hutte, et