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Le chemin de fer

du chenal et les obstacles qu’y fait surgir inopinément l’action des sables mouvants entraînés par le courant, cette tentative ne fut pas heureuse. Le bateau à vapeur La Galissonnière, construit à grands frais, ayant la forme et l’appareil d’un puissant remorqueur, avec hélice et fort tirant d’eau, put avec difficulté s’échapper de son mouillage et alla s’échouer à une petite distance de là. Plus tard, on le dépouilla de ses machines ; on coupa ses câbles et on l’abandonna à la rivière qui l’emporta, en tourbillonnant, dans la chute des Piles où il fut réduit à sa plus simple expression.

À partir de ce jour aucune tentative nouvelle ne fut faite, pendant une douzaine d’années, pour établir un service de bateaux à vapeur sur le Saint-Maurice, jusqu’à ce que M. John Ritchie, un citoyen des Piles qui a payé vingt fois de sa bourse et de sa personne pour favoriser toutes les entreprises utiles, ait eu l’idée d’inaugurer, il y a deux ans, une nouvelle ligne de batelets, des Piles à la Tuque, ces batelets ayant encore plus pour objet de servir les colons et les progrès de la colonisation que l’industrie forestière proprement dite, quoiqu’ils remplissent parfaitement ces deux fins, qu’ils soient d’un avantage incalculable pour la population des deux rives et un instrument désormais indispensable de ses progrès et de ses communications avec le reste du monde.