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Mais, d’un autre côté, il se fait là un véritable ravage et une dépopulation des lacs auxquels il faut que le gouvernement mette un frein, en les affermant tous, sans miséricorde, et en élevant d’année en année le prix de location, ce qui lui donnerait avant longtemps un revenu digne de figurer dans le budjet ; il pourrait en consacrer une partie à augmenter le salaire des fonctionnaires irréprochables, une autre à payer les frais d’imprimeur des écrivains canadiens qui font connaître les régions nouvelles de leur pays, une dernière enfin à solder les frais de voyage des ministres, dont la nécessité de mieux en mieux établie donne assurément droit à une allocation spéciale.


XI


LA RIVIÈRE-À-PIERRE


Un soir de fin d’octobre 1887, je descendais à la « Rivière-à-Pierre », station de la ligne située à près de soixante milles de Québec.

La « Rivière-à-Pierre » n’existait absolument que de nom à cette époque. C’était une rivière baptisée par un Pierre quelconque et coulant dans la forêt, voilà tout. On voyait çà et là, tristement, misérablement, percer à travers l’épais feuillage des bois quelques cabanes de défricheurs, faites de troncs d’arbres empilés les uns sur les autres et recouvertes d’un toit bas, écrasé, s’élevant très légèrement