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Kenogamichiche est enchanteur, par un jour de fin d’été, alors que la moisson jaunissante a acquis toute sa vigueur et tout son éclat. Les montagnes et les maisons apparaissent, renversées dans les profondeurs du lac ; les coteaux forment une lisière inégale, mais pleine d’harmonie ; la terre soulevée, puis affaissée, apparaît en maint endroit sous forme de mamelons, de monticules, ou de gorges finement découpées qui renferment les trésors du colon ; enfin, toute cette campagne a dans son ensemble une grâce aisée, une harmonie délicate et douce qui charment l’esprit d’autant plus qu’il s’était depuis quelque temps déshabitué des spectacles aimables d’une nature pittoresque.

Une étroite langue de terre, couronnée d’un dôme de feuillage, sépare le lac Kenogamichiche du lac « Vert », en indien Kashakikéomi « Lac Limpide », nom qui lui a été donné à cause de la transparence de ses eaux qui permet de voir le fond du lac à une profondeur de plusieurs brasses ; ce fond est d’argile, et l’eau a une teinte verte qui a fait donner au lac le nom français qu’il porte aujourd’hui.

Le lac Vert a environ une demi-lieue de long et une largeur de sept à huit cents pieds. Sur le côté nord s’élèvent de hautes montagnes qui ne laissent entre le lac et leur base qu’une lisière très étroite de terre cultivable, boisée d’épinette, de sapins et de bouleaux.

Le Lac Kenogamichiche a près de six milles de longueur