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terres du mieux qu’ils pouvaient, malgré les défenses de la Compagnie de la Baie d’Hudson.




(1846). Au commencement de mai la chaleur avait été excessive depuis plusieurs jours et la plupart des colons profitaient de la sécheresse pour faire brûler leurs abattis de bois. Tout à coup, le cinq de ce mois, un incendie effroyable, poussé par un fort vent de nord-ouest, se déclara dans la forêt, tout près des établissements. En moins de deux heures, le terrible fléau a consumé presque toutes les habitations de l’Anse-à-Benjamin, de Saint-Alphonse, toute la partie du village de Saint-Alexis qui se trouvait entre la rivière Ha ! Ha ! et la maison de M. Price, et tous les quais et tous les moulins. Les hommes étaient dispersés partout aux travaux des chantiers et de la campagne, et il ne restait aux maisons que les femmes et les plus jeunes enfants.

Tout ne fut bientôt qu’un amas de cendres et le soir vit toutes ces familles, désormais sans asile, errant sur la grève, dans le plus complet dénûment, ayant tout perdu et ne pouvant guère espérer de secours dans l’éloignement, dans l’isolement où elles se trouvaient.

La tradition rapporte que le feu s’arrêta d’une manière bien extraordinaire. Les habitants, voyant leurs demeures consumées et l’incendie sur le point d’attaquer la chapelle et les constructions attenantes, allèrent trouver le Père