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naître s’il y avait beaucoup de bois et si l’exploitation en serait facile et avantageuse. Mais leur rapport ne fut pas favorable et le découragement s’empara d’un grand nombre d’associés. On débattit même quelque temps s’il ne valait pas mieux abandonner complètement le projet formé par l’auteur de la société. Après bien des pourparlers, néanmoins, on se décida à tenter les travaux. Douze hommes laissés à la Grande-Baie tirèrent en fort peu de temps du bois pour faire l’écluse et les dalles d’un moulin sur la rivière Ha ! Ha !, et l’on réussit même à faire l’écluse durant le cours de cet été.

Au mois de juillet, Benjamin Godreau, François Guay et quelques autres allèrent visiter plusieurs endroits où se trouvaient des pinières. Benjamin Godreau, en voyant la première anse de Saint-Alphonse et la qualité de son sol, s’éprit de ce lieu : et, comme il ne cessait d’en parler et de le vanter auprès de ses compagnons, ceux-ci donnèrent à cette anse le nom « d’Anse à Benjamin », nom qui lui est resté. Mais François Guay, surnommé on ne sait pourquoi « Caille », s’éprit d’un autre endroit situé le long du Saguenay, à l’entrée de la Grande-Baie, et comme il voulait absolument y bâtir un moulin sur un ruisseau qui s’y trouvait, on donna à ce ruisseau le nom de « Ruisseau Caille ».

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Le 20 octobre, 1838, arriva à la Grande-Baie une goélette qui venait de la Malbaie avec quarante-huit personnes, tant hommes que femmes et enfants. Dans ce