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des français, tout cela réuni forme une vue des plus agréables, lorsqu’on monte dans le havre ou qu’on double la pointe de l’Îlet en descendant du Saguenay.

« Au Poste, j’eus occasion de voir plusieurs naturels montagnais des deux sexes ; cette nation habite l’immense étendue de pays située entre le Saint-Laurent et le territoire de la Baie d’Hudson. L’habillement des femmes est singulièrement bigarré de diverses couleurs. Il consiste ordinairement en un morceau de drap bleu bordé de drap écarlate, dont elles font ordinairement leur vêtement de dessous, et en un manteau d’indienne peinte. Elles jettent leurs cheveux de chaque côté de la tête et en font une tresse attachée avec du ruban ou du galon rouge ; elles ont une prédilection particulière pour ce dernier article. Elles portent généralement une capuce de forme conique, de drap bleu, vert, rouge ou blanc, d’où pend une longue queue de cheveux aussi attachée de tavelle rouge. Elles fument et boivent des liqueurs fortes, comme les hommes ; l’habillement de ceux-ci est généralement très-négligé et composé ordinairement de quelque vieille redingote ou capote bleue, ou d’une chemise d’indienne et de culottes de toile. Les montagnais (en langue sauvage « rieurs ou moqueurs » ), sont généralement un peuple doux et humain. Ils n’ont pas d’habitation fixe et ils errent dans les limites qui leurs sont assignées pour la chasse. Ils vivent de chasse et de pêche ; mais cette source