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toire géologique, de transformations, de dépôts tantôt amenés, tantôt écartés, tantôt transportés d’endroits en endroits différents ; nous nous trouvons en face d’un pays qui, à la suite d’une catastrophe sans exemple, a dû subir de profondes modifications pour trouver une assiette nouvelle.

Eh bien ! parcourons des yeux ce vaste espace et demandons-lui ses secrets.

Croit-on que le Saint-Laurent a toujours été ce qu’il est aujourd’hui, qu’il a toujours eu les mêmes dimensions, la même profondeur, les mêmes rivages ? Ce n’est pas notre avis ; nous croyons au contraire qu’il était autrefois beaucoup plus considérable qu’il ne l’est maintenant, du moins dans certaines parties de son cours ; nous croyons que la marée du fleuve montait plus haut qu’elle ne le fait de nos jours et qu’elle dépassait le lac Saint-Pierre, lui-même plus considérable autrefois qu’il ne l’est de mémoire d’homme. Hasardons sans crainte une hypothèse que les faits ne tarderont pas à justifier, espérons-le, si nous pouvons attirer l’attention du monde savant sur la partie du pays qui nous occupe, et si nous pouvons en déterminer l’étude géologique sérieuse au moyen d’explorations spéciales.

Disons que le lac Saint-Jean, qui se décharge aujourd’hui à l’est par le Saguenay, se déchargeait jadis à l’ouest par la rivière Croche, laquelle communiquait avec le Saint-Maurice qui, à son tour, tombait dans le fleuve Saint-Laurent. Le lecteur aura remarqué