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de très-belles îles, du gibier et du poisson de toute espèce ; les orignaux, les ours, les caribous, le porc-épic et les castors y sont en abondance. Nous avions déjà fait six lieues au travers des îles qui l’entrecoupent quand j’aperçus comme une éminence de terre, d’aussi loin que la vue se peut étendre : je demandai à nos gens si c’était vers cet endroit qu’il nous fallait aller. « Tais-toi, me dit notre guide, ne le regarde point, si tu ne veux périr. » Les sauvages de toutes ces contrées s’imaginent que quiconque veut traverser le lac se doit soigneusement garder de la curiosité de regarder cette roche, et principalement le lieu où l’on doit aborder : son seul aspect, disent-ils, cause l’agitation des eaux et forme des tempêtes qui font transir de frayeur les plus assurés. »

Voici ce que disait à son tour, en 1827, au sujet du lac Mistassini, un voyageur du nom de Jérôme St. Onge, qui avait été longtemps au service de la compagnie des Postes du roi et de celle du nord-ouest.

« L’étendue du lac Mistassini est peu connue ; on met trois jours à le traverser dans l’endroit le plus étroit, en allant d’une île à l’autre. La distance entre les îles et la terre ferme n’est pas de moins de trente milles, ce qui donnerait au lac une largeur de quatre-vingt-dix milles dans l’endroit où se trouvent les îles. Les sauvages mettent ordinairement tout l’été, une partie du printemps et de l’automne pour aller d’un bout à l’autre du lac. Ce qu’on peut dire de moins de