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CHAPITRE IX


LE LAC SAINT-JEAN


I


Nous voilà enfin arrivés devant cette petite mer qui est restée en quelque sorte légendaire jusqu’à nos jours, dont le nom frappe encore singulièrement bien des oreilles, et sur laquelle a plané pendant bien longtemps le voile mystérieux qui couvre l’immense solitude du nord. Il y a trente ans à peine, personne n’aurait osé croire qu’on pût seulement se rendre jusqu’au lac Saint-Jean ; c’était tellement loin dans le nord ! Le pays qui l’entourait ne pouvait être que la demeure des animaux à fourrures, et, seuls, les Indiens étaient regardés comme pouvant se hasarder dans ces sombres retraites que protégeait la chaîne des Laurentides et que défendait contre l’homme une nature réputée inaccessible.