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produits se rendent eux-mêmes de Québec à Chicoutimi ou à la Grande Baie où ils font des achats de produits en gros. Les habitants expédient aussi en goëlette leurs récoltes ou leurs animaux sur les marchés de la ville ; mais le transport en goëlette est trop incertain pour constituer un trafic régulier. Aussi les bouchers de Québec envoient-ils eux-mêmes leurs agents à Chicoutimi et à la Grande Baie pour y faire des achats de porcs et de bestiaux.

Au fond de la Grande Baie se trouvent, à un mille et demi seulement de distance l’une de l’autre, les deux paroisses dont nous venons de raconter succinctement les commencements laborieux. La première, Saint-Alphonse, contenait en 1879 seize cent sept âmes (1607), et la deuxième, Saint-Alexis, 1564. Malgré ces chiffres respectables, il n’en est pas moins vrai que, durant ces huit dernières années, il est parti de Saint-Alphonse seul cent cinquante-six familles, et, cependant, la population n’a pas diminué d’une année à l’autre. Si la paroisse n’a rien gagné sous ce rapport, du moins elle n’a rien perdu ; elle a perdu d’autant moins que l’émigration ne s’est pas faite de Saint-Alphonse aux États Unis, mais au Lac Saint Jean. C’est en quelque sorte comme si les cent cinquante-six familles émigrées étaient restées chez elles.

Saint-Alphonse est, de toutes les paroisses du Saguenay, celle où se font le plus d’étoffes canadiennes, et où le commerce de bleuets est le plus