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trouva assez de force pour un cri suprême, non, je ne veux pas mourir en face des montagnes de mon pays, » et il commença un geste désespéré, mais la mort était déjà là qui le tenait ; elle avança rapidement sur lui sa main impitoyable et, deux heures après, McLeod n’était plus.

Un dernier mot sur cette étrange figure, certainement la plus intéressante de l’histoire du Saguenay à cette époque. Elle est restée dans la pensée et sous le regard de tous ceux qui l’ont connue ; et lorsque les anciens habitants du Saguenay, qui ont subi sa terrible domination, parlent de Peter McLeod, c’est toujours avec un reste de haine singulièrement mêlé d’admiration, de crainte et de regret, oui de regret, car Peter McLeod, disent-ils, « fut le plus généreux en même temps que le plus intrépide des hommes de ce temps et de cette partie de notre pays. »

C’est de lui que viennent les pitons, espèce de bons que la maison Price continue d’émettre pour des montants variant de cinq cents à plusieurs dollars, et qui remplacent l’argent. Ces bons représentent ce que la maison Price doit à ses journaliers ; mais ils ne sont pas négociables en argent ; ils ne sont valables que pour marchandises et dans le Saguenay seulement. Ainsi, un gagiste a-t-il fait une journée de soixante cents, on lui délivre un piton de soixante cents, avec lequel il se procure des provisions ou des marchandises dans les magasins de Chicoutimi, mais