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est en terre jaune. Ici, seulement dans cette espèce de terrain, le cyprès et le pin rouge croissent en assez grande quantité et deviennent très gros. Les autres essences dont est composée la forêt partout ailleurs sont l’épinette blanche, l’épinette rouge et l’épinette noire, le sapin blanc, qui pousse dans les terres froides et humides, et une autre espèce de sapin (Pinus Lambertina) qui atteint d’énormes proportions. L’épinette blanche est l’essence la plus commune et atteint souvent trente-cinq pouces de diamètre. Il y a beaucoup de trembles et de peupliers du Canada, dans les voisinages de la petite Péribonka, qui sont de belle dimension.

La forêt des bois durs se compose de merisiers, qui sont énormes, de bouleaux blancs et rouges, francs-frênes, aulnes communes, cormiers, frênes rouges, frênes de savane, frênes noirs, merisiers blancs, petites merises, plaines bâtardes, saules noirs et vinaigriers.

Les gros bois qui composent la forêt sont remarquablement clairsemés ; mais à leurs pieds croissent vigoureusement des gadelliers, des groseilliers ou des buissons. Heureusement, et en opposition au vilain spectacle que l’on voit partout ailleurs au Saguenay, le feu n’a pas encore pénétré dans ces belles forêts.

Je n’ai jamais vu une contrée mieux arrosée par une foule de ruisseaux et de petites rivières, qui coulent tous sur de la terre forte et sur des lits très bas ; leurs rives ne sont pas à pic et n’ont pas de berges. Les grandes rivières peuvent, par leurs chutes, devenir des moteurs hydrauliques très puissants.

Ce domaine fertile, pittoresque et d’avenir, s’étend jusqu’à quarante-cinq milles vers le nord environ. J’ai vu moi-même le lac Saint-Jean à quatorze milles de distance du point où j’étais et l’immense plaine s’étend en tous sens, à perte de vue, sans interruption. Nous pouvons compter, au nord du lac Saint-Jean, sur une étendue de quelques trois mille six cents milles carrés de terre arable absolument plane, franche et fertile, et susceptible de contenir l’établissement de cinquante paroisses.

Ce terrain jouit d’un climat magnifique. La vaste nappe d’eau du lac Saint-Jean, en répandant ses vapeurs bienfaisantes, joue un rôle climatologique important. Une autre cause en faveur de la température de cette région, au point de vue de la maturation des céréales, c’est la longueur des jours d’été.