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L’OUTAOUAIS SUPÉRIEUR

autres, qui ne sont, à proprement parler, que des nomenclatures, que des groupements sans ordre et sans lumière, des assemblages pâteux de statistiques, ou de lourdes et indigestes compilations de rapports mis bout à bout et reliés entre eux par des joints informes.[1] Comment pouvons-nous, avec de pareilles choses, attirer les regards des autres peuples ? Et comment nous étonner si, dans de rares circonstances seulement, on ne fait du Canada français qu’une mention passagère, si on ne lui accorde qu’une attention vite dissipée ? Comment voulons-nous intéresser les autres peuples en notre faveur quand nous nous intéressons si peu à nous-mêmes ? Accusons-nous tout les premiers de reléguer notre propre pays à l’arrière plan. L’étude géographique surtout en est à peu près nulle, et cependant cette étude, à notre époque d’expansion rapide et de relations multipliées, est indispensable, même au plus humble des citoyens. Hélas ! ce qui est pis encore, c’est qu’il y a parmi nous des écrivains de talent qui dédaignent de s’occuper du seul pays auquel ils tiennent par les liens réunis de la naissance, de l’éducation, des affections premières, de la raison, du sentiment et de l’intérêt. Ces écrivains, quand ils s’adressent à

  1. Exceptons-en les brochures de M. J-C. Langelier, qui renferment beaucoup de renseignements, qui sont faites avec méthode et que l’on peut toujours consulter avec fruit.