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centaine de mille âmes, pauvre et clairsemée sur une vaste étendue, pût seulement songer à une industrie qui exige l’emploi de tant de bras et des capitaux si considérables pour devenir lucrative. C’est à la suite des guerres du premier Empire et du blocus continental que Napoléon avait imposé à tous les ports de l’Europe, pour en chasser le commerce anglais, que l’on commença à s’occuper sérieusement de l’exploitation de nos forêts.

Les commerçants de bois de la métropole tournèrent leur attention vers les colonies de l’Amérique britannique, et conçurent le projet de venir chercher chez nous le bois que les flottes françaises les empêchaient d’importer des pays de l’Europe septentrionale.

L’exportation du bois de nos forêts se limita d’abord, ou à peu près, à des envois dans le Royaume-Uni et dans les Antilles anglaises. Ce fait était dû à l’immense quantité de bois exportée des différents États de l’Union américaine. Depuis cette époque, un grand changement s’est produit. Les territoires du nord-ouest des États-Unis, que couvraient de grandes forêts de pin, vinrent à se défricher et à se déboiser ; et comme la consommation, dans l’intérieur de ces territoires devenus depuis des États, avait augmenté dans une proportion égale, on fut obligé de recourir aux commerçants de bois canadiens, qui