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L’OUTAOUAIS SUPÉRIEUR

soupçonner et qu’on eût regardé tout d’abord, dans un temps moins fécond que le nôtre en prodiges, comme une gigantesque chimère.

Il s’agissait de prolonger « le chemin de colonisation de Saint-Jérôme » à travers les trois comtés d’Argenteuil, d’Ottawa et de Pontiac, jusqu’au lac Témiscamingue, c’est-à-dire jusqu’à la limite occidentale de notre province.

Mais ce n’était là que la partie occidentale de la ligne, ça n’en était qu’une aile ; il fallait l’envergure complète. Une aile était déployée vers l’ouest, il fallait en déployer une vers l’est. Aussi était-il indispensable que le chemin de fer de Saint-Jérôme traversât la vallée du Saint-Maurice, celle du lac Saint-Jean et vînt aboutir à Tadoussac, qui est, suivant le Père Lacasse, notre véritable port de mer d’hiver. Mais écoutons le curé Labelle expliquant lui-même son projet devant une assemblée publique du comté de Terrebonne, qui eut lieu pendant l’hiver de 1882.

« Le chemin de fer que je voudrais voir construire irait jusqu’au lac Témiscamingue ; de là il pourrait se souder aux voies de l’Ouest ; de là encore, et ce serait le point le plus rapproché, le plus avantageux, on pourrait pousser un embranchement jusqu’à la baie d’Hudson. Voilà pour l’ouest. Du côté de l’est qui nous empêcherait de traverser les Laurentides