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L’OUTAOUAIS SUPÉRIEUR

succès de l’œuvre nationale, et il obtenait de l’administration provinciale qu’elle accorderait pour les chemins de colonisation une subvention égale au tiers des montants perçus annuellement par la société. Plus tard, il réussissait également à établir une société de colonisation pour le diocèse d’Ottawa, société qui a pris rapidement des proportions inattendues. Tout cela était le résultat d’une méthode simple, naturelle, que l’intelligence et surtout le patriotisme élevaient à la hauteur d’une longue et profonde expérience.

Cette méthode, la voici.

Le Canadien est essentiellement colonisateur ; l’histoire, depuis plus de deux cents ans, le démontre de toutes les manières. Mais le Canadien n’est colonisateur, dans le sens pratique du mot, qu’à une condition, c’est que la colonisation marche avec la religion. De là le double rôle du clergé dans ce pays : conduire les âmes au ciel et les défricheurs à l’entrée des forêts vierges. S’il n’est pas convaincu de pouvoir obtenir, dans un temps donné, les secours essentiels de la religion, le Canadien éprouve une sorte de répugnance insurmontable pour des défrichements lointains, pour un isolement qui ne lui apporte pas en compensation la certitude d’une vie meilleure. Aussi, pensait le curé Labelle, faut-il en même temps que des moyens de communica-