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L’OUTAOUAIS SUPÉRIEUR

Pour réussir, la colonisation devait être laissée aux mains de ces hommes exceptionnels qui ont surgi si heureusement parmi nous, de ces inspirés qui, comme le curé Labelle, ont compris que l’établissement sérieux du pays ne pouvait s’entreprendre et ne pouvait se continuer qu’en adaptant à des régions distinctes par leur climat et leurs productions des règles conformes, et surtout en subordonnant l’ensemble à une méthode simple, mais suivie, à certains principes élémentaires que l’expérience et l’histoire du pays indiquaient comme ayant présidé à ses origines et à tous ses agrandissements successifs.

Pénétré de l’idée que dans la colonisation se trouve la solution de toutes les autres questions, que la possession du sol assure la souveraineté à l’individu comme au peuple ; convaincu par l’expérience et la raison que les gouvernements sont en général lents à agir, que, fussent-ils animés des meilleures intentions, ils sont souvent empêtrés dans la routine, retenus par la défiance ou l’incrédulité, souvent même frappés d’impuissance, le curé Labelle a senti que la colonisation méthodique d’une région spéciale, pouvant servir d’illustration, valait bien les efforts et le dévouement de toute une vie consacrée aux plus patriotiques et aux plus nobles labeurs.

Il avait devant lui, dans l’espace s’étendant au nord des comtés de Terrebonne et d’Argenteuil, toute