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L’OUTAOUAIS SUPÉRIEUR

sites dangereux du sol, à créer les plus fausses et les plus funestes impressions.

Depuis 1874, sans que les gouvernements le voulussent et par suite des notions désastreuses qui prévalaient, la législation n’a cessé de favoriser le marchand de bois au détriment du défricheur ; elle s’est accentuée dans ce sens à chaque période, jusqu’en 1883, époque où l’on combla la mesure par la création de ces « réserves » qui étouffaient graduellement la colonisation, mettaient la corde au cou du colon et en présentaient le bout au commerçant de bois, qui n’avait aucun scrupule de tirer dessus, quand ses intérêts, le temps, les lieux, les circonstances le permettaient.

Et ce n’est pas tout. N’a-t-on pas vu, en présence du mouvement qui commençait à s’effectuer avec vigueur vers les cantons nouveaux, n’a-t-on pas vu des fonctionnaires, des agents des terres même, chercher à l’enrayer en prétendant que les revenus provenant des concessions de bois devaient l’emporter sur les intérêts de la colonisation ? Ne les a-t-on pas vus se faire les complices des ennemis du pays, refuser à des colons, sous les plus futiles prétextes, les lots qu’ils demandaient, en chasser d’autres, sous des prétextes plus futiles encore, de lots depuis longtemps occupés, défrichés et cultivés par eux, et déployer un tel zèle dans cette persécution insensée,