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L’OUTAOUAIS SUPÉRIEUR

de notre nature. Le développement du pays dans toutes ses parties, son accès rendu facile dans toutes les directions et sous toutes les formes, voilà ce que nous voulons aujourd’hui et ce que les gouvernements sont tenus de vouloir avec nous, sous peine d’une déchéance prompte et irrévocable.


III


Le chemin de fer du Pacifique venait d’atteindre le village de Mattawa déjà transformé, de simple poste qu’il était naguère, en un grand entrepôt, en un centre d’activité commerciale et de va-et-vient ininterrompus. De nombreuses rumeurs circulaient déjà, au sein de la capitale fédérale, sur une grande région inconnue, déserte mais fertile, qu’arrosaient le lac Témiscamingue et ses affluents, tels que la rivière Montréal, la Kippewa, la Loutre, la Blanche… Jusque-là, aucune colonisation sérieuse, méthodique, suivie, n’y avait été tentée et la forêt n’avait encore retenti que du bruit des grands pins tombant sous la hache des bûcherons enrégimentés au service des marchands de bois. Alors se présenta un jeune prêtre, un modeste Oblat, dévoré d’une ambition patriotique que ne pouvait contenir la sphère où l’emprisonnaient ses humbles fonctions de missionnaire, et dont l’in-