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L’OUTAOUAIS SUPÉRIEUR

été introduit, et déjà il a opéré toute une révolution dans le mouvement et dans la circulation de cette contrée.

De Mattawa au Long Sault, rapide de six milles environ de longueur qui sert de décharge au lac Témiscamingue, il y a une navigation de trente-deux milles, interrompue par trois rapides espacés à des distances presque égales de cinq milles, et qui s’appellent respectivement, le premier La Cave, le deuxième Les Érables, le troisième La Montagne. Naguère, avant l’introduction des minuscules bateaux à vapeur, il fallait « faire portage » à chacun de ces rapides et remonter alternativement, à force de rames, chacun des espaces intermédiaires. Aussi longtemps qu’on était sur l’eau, cela allait assez bien, quoiqu’on fût obligé de remonter la rivière ; mais, nous l’avons vu dans un chapitre précédent, l’Outaouais, heureusement, a un courant très faible ; sa descente ne s’accentue guère que dans les cascades et les chutes ; là, l’opération devenait ardue, pénible, parfois impraticable à raison des circonstances de temps et autres. C’est quand il fallait « portager » le long des rapides, c’est-à-dire, après avoir débarrassé le canot ou la barge de son bagage et de ses provisions, distribué le tout sur les épaules de chacun des voyageurs, retenu et fixé la charge ainsi fractionnée au moyen d’une bande de cuir passée en anneau autour du front et dont l’extrémité,