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L’OUTAOUAIS SUPÉRIEUR


II


Lorsqu’après de longues heures de lecture ou d’étude, je m’arrête pensif pour passer en revue les prodigieuses étapes franchies depuis une quinzaine d’années, je reste comme stupéfait en présence des perspectives nouvelles qui s’ouvrent à l’infini devant mes regards, et dont quelques-unes, pour vastes et brillantes qu’elles soient, n’en deviendront pas moins, dans un avenir très prochain, des réalités qui changeront complètement la physionomie de notre province jusqu’à ses plus extrêmes limites.

Nous vivons dans un monde qui eût semblé féerique à nos pères, et nous prenons tous les jours de plus en plus vigoureux élans vers le progrès, sans presque nous en rendre compte, et comme s’il nous était tout naturel, avec la vapeur et l’électricité pour auxiliaires, de bouleverser des conditions d’existence et de développement regardées jusqu’à ces derniers temps comme inaltérables.

Depuis des années déjà je parcours le pays en tous sens ; j’ai vu éclore et grandir des régions inconnues ; j’ai contemplé d’un œil filial, charmé et glorieux à la fois, des défrichements nombreux là où il semblait que l’homme ne pût atteindre ni faire ger-