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CONFÉRENCES

peut pas empêcher jamais qu’il s’établisse une ligne sur la rive nord, pour une vaste région de pays en grande partie déjà ancienne, cultivée, importante, et qui est totalement privée des chemins de fer dont elle a un besoin absolu. Il ne peut pas faire en sorte que toutes les villes principales de la province étant du côté nord du fleuve, c’est précisément ce côté là qui n’ait pas ses moyens de communication, que la moitié du pays soit complètement négligée et abandonnée au profit de l’autre moitié, et que, des garanties plus que suffisantes étant offertes aux capitalistes, ceux-ci ne voient et n’entendent rien, et ne comprennent dans l’univers que les exposés du Grand-Tronc. Il ne peut faire que le fleuve St. Laurent n’ait qu’une seule rive et que, du côté opposé, ce soit le néant au lieu d’un pays extrêmement riche, mais qui, tant qu’il n’aura pas de chemin de fer, sera comme s’il était extrêmement pauvre.

Non ; au point où en sont aujourd’hui les choses, toute l’opposition du Grand-Tronc ne ferait rien, et l’évidence de sa maladresse le contraindrait peut-être le premier à la reconnaître. En travaillant contre le chemin de fer du nord, le Grand-Tronc travaillerait contre ses propres intérêts. Jamais deux lignes de chemin de fer nécessaires ne se sont nuises réciproquement ; au contraire elles sont utiles l’une à l’autre. En 1870, pendant que les canaux du Saint-Laurent ne recevaient que quinze pour cent du commerce de l’ouest, le canal Érié, passant à travers l’état de New-York, en recevait quatre-vingt cinq pour cent. Et cependant, de chaque côté du canal Érié, il y a une ligne de chemin de fer. Voulez-vous savoir quels sont les chemins de fer qui réalisent les plus beaux bénéfices aux États-Unis ? ce sont précisément les deux chemins qui suivent cha-