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CONFÉRENCES

toute la vallée du Mississipi, et dont les Américains avaient besoin comme d’un débouché pour leur grand fleuve sur le golfe du Mexique, est achetée de la France pour quinze millions de dollars. En 1819, la Floride est achetée de l’Espagne pour sept millions ; en 1845, le Texas, du Mexique, sans conditions autres que le paiement de sa dette ; en 1848, la Californie, le Nouveau-Mexique et l’Utah sont acquis moyennant quinze millions de dollars. En 1854, c’est le tour de l’Arizona, acheté encore du Mexique pour quinze millions aussi ; et, enfin, en 1869, l’Alaska vient grossir la confédération républicaine en laissant, entre lui et le reste de l’Union, la Colombie anglaise, qui, il y a quatre ans à peine, demandait au parlement britannique la permission de figurer sur le drapeau étoilé des États-Unis.

Le Canada échappera-t-il à cette attraction que semblent rendre irrésistible sa situation géographique et l’esprit des temps modernes qui pousse aux grandes unités politiques ? Le travail d’agglomération qui se fait en Europe pour tous les peuples ayant quelques traits communs, quelque affinité de race ou une étroite liaison d’intérêts, se poursuivra-t-il dans le nouveau monde jusqu’à ce qu’il atteigne ses dernières limites ? Ne semble-t-il pas que cette lisière comparativement étroite qui sépare la grande masse du continent nord américain d’avec les régions inhabitables, et qui comprend toutes les possessions anglaises, doive graviter autour des États-Unis comme les moindres astres autour du foyer lumineux qui donne son nom au système solaire ? L’annexion n’est-elle pas plus qu’un fait politique, mais encore et par dessus tout un fait géographique et physique ?