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VOYAGES

nous parviendra ensuite directement de vous payer ; sinon, nous ne pouvons agir. — Mais comment se fait-il que vous n’ayez pas encore vos instructions ? m’écriai-je ; le dépôt est fait depuis plus d’une journée, et il me semble que le télégraphe a eu le temps de fonctionner depuis lors. — Sans doute, mais je ne pense pas recevoir un télégramme de New York ; je recevrai plutôt une lettre de Montréal contenant la somme déposée sous forme de chèque payable par une banque d’Omaha, vu que vous êtes absolument inconnu, que personne ne peut vous identifier, et que, même en recevant un télégramme de New-York, je serais encore embarrassé de savoir que faire. — Comment ! monsieur, repris-je, dès lors que vous recevez un ordre formel du siège général, où est donc votre responsabilité, et n’êtes-vous pas tenu de me faire justice ? — Je ne vous connais pas, monsieur, me répliqua-t-il ; je ne sais pas du tout qui vous êtes ; il y a déjà plus d’un exemple de dépêches falsifiées ; et, quant à moi, je ne puis rien faire pour vous sans une dépêche que je reconnaîtrai à certains signes de convention pour émaner directement du bureau général de New-York. Revenez ici à sept heures ce soir ; j’aurai peut-être reçu l’instruction que vous espérez ; sinon, il est probable qu’elle ne viendra que par la malle. Demain est le 4 juillet, grande fête nationale ; je prends le train ce soir même et m’absente pour un mois, mais je vais laisser pleins pouvoirs à un jeune homme qui me représente ici en mon absence et qui vous paiera, s’il y a lieu. »

Que pouvais-je répondre à cela ? Rien. J’étais convaincu du reste qu’une instruction précise viendrait de New-York, dans la journée, puisque ma dépêche le comportait expressément, et que je pourrais partir le lende-