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ÉLOGE DE BUFFON

Tacite, la crainte et l’horreur des tyrans. M. de Buffon, qui a vécu dans des temps calmes, regarde au contraire la vie comme un bienfait ; il applique aussi les vérités physiques à la morale, mais c’est toujours pour consoler ; il est orné comme Pline ; mais, comme Aristote, il recherche, il invente ; souvent il va de l’effet à la cause, ce qui est la marche de la science, et il place l’homme au centre de ses descriptions. Il parle d’Aristote avec respect, de Platon avec étonnement, de Pline avec éloge, les moindres passages d’Aristote lui paroissent dignes de son attention ; il en examine le sens, il les discute, il s’honore d’en être l’interprète et le commentateur. Il traite Pline avec moins de ménagement ; il le critique avec moins d’égards. Platon, Aristote, et Buffon, n’ont point, comme Pline, recueilli les opinions des autres ; ils ont répandu les leurs. Platon et Aristote ont imaginé, comme le philosophe françois, sur les mouvements des cieux et sur la reproduction des êtres, des systèmes qui ont dominé long-temps. Ceux de M. de Buffon ont fait moins de fortune, parce qu’ils ont paru dans un siècle plus éclairé. Si l’on compare Aristote à Pline, on voit combien la Grèce étoit plus savante que l’Italie : en lisant M. de Buffon, l’on apprend tout ce que les connoissances physiques ont fait de progrès parmi nous ; ils ont tous excellé dans l’art de penser et dans l’art d’écrire. Les Athéniens écoutoient Platon avec délices ; Aristote dicta des lois à tout l’empire des lettres ; rival de Quintilien, Pline écrivit sur la grammaire et sur les talents de l’orateur. M. de Buffon vous offrit, messieurs, à la fois le précepte et l’exemple. On cherchera dans ses écrits les richesses de notre langage, comme nous étudions