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LXVIII
ÉLOGE DE BUFFON

sous une loi nouvelle. Plein d’enthousiasme, il sembloit qu’il eût un culte à établir, et qu’il en fût le prophète. La première de ses formules fut à Dieu, qu’il salua comme le père de la nature. Les suivantes sont aux éléments, à l’homme, aux autres êtres ; et chacune d’elles est une énigme d’un grand sens, pour qui veut l’approfondir. Avec tant de savoir et de caractère, Linné s’empara de l’enseignement dans les écoles ; il eut les succès d’un grand professeur ; M. de Buffon a eu ceux d’un grand philosophe. Plus généreux, Linné auroit trouvé, dans les ouvrages de M. de Buffon, des passages dignes d’être substitués à ceux de Sénèque, dont il a décoré les frontispices de ses divisions. Plus juste, M. de Buffon auroit profité des recherches de ce savant laborieux. Ils vécurent ennemis, parce que chacun d’eux regarda l’autre comme pouvant porter quelque atteinte à sa gloire. Aujourd’hui que l’on voit combien ces craintes étoient vaines, qu’il me soit permis, à moi, leur admirateur et leur panégyriste, de rapprocher, de réconcilier ici leurs noms, sûr qu’ils ne me désavoueroient pas eux-mêmes, s’ils pouvoient être rendus au siècle qui les regrette et qu’ils ont tant illustré.

Pour trouver des modèles auxquels M. de Buffon ressemble, c’est parmi les anciens qu’il faut les chercher. Platon, Aristote, et Pline, voilà les hommes auxquels il faut qu’on le compare. Lorsqu’il traite des facultés de l’âme, de la vie, de ses éléments, et des moules qui les forment, brillant, élevé, mais subtil, c’est Platon dissertant à l’Académie ; lorsqu’il recherche quels sont les phénomènes des animaux, fécond, mais exact, c’est Aristote enseignant au Lycée ; lors-