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LXIII
PAR VICQ D’AZYR.

clatant plumage de l’oiseau-mouche ! Comme on s’intéresse à la vue des procédés industrieux de l’éléphant et du castor ! Que de majesté dans les épisodes où M. de Buffon compare les terres anciennes et brûlées des déserts de l’Arabie, où tout a cessé de vivre, avec les plaines fangeuses du nouveau continent, qui fourmillent d’insectes, où se traînent d’énormes reptiles, qui sont couvertes d’oiseaux ravisseurs, et où la vie semble naître du sein des eaux ? Quoi de plus moral enfin que les réflexions que ces beaux sujets ont dictées ? C’est, dit-il (à l’article de l’éléphant), parmi les êtres les plus intelligents et les plus doux, que la nature a choisi le roi des animaux. Mais je m’arrête. En vain j’accumulerois ici les exemples ; entouré des richesses que le génie de M. de Buffon a rassemblées, il me seroit également impossible de les faire connoître, et de les rappeler toutes dans ce discours. J’ai voulu seulement, pour paroître meilleur, emprunter un instant son langage. J’ai voulu graver sur sa tombe, en ce jour de deuil, quelques unes de ses pensées ; j’ai voulu, messieurs, consacrer ici ma vénération pour sa mémoire, et vous montrer qu’au moins j’ai médité longtemps sur ses écrits.

Lorsque M. de Buffon avoit conçu le projet de son ouvrage, il s’étoit flatté qu’il lui seroit possible de l’achever dans son entier. Mais le temps lui manqua ; il vit que la chaîne de ses travaux alloit être rompue ; il voulut au moins en former le dernier anneau, l’attacher et le joindre au premier.

Les minéraux, à l’étude desquels il a voué la fin de sa carrière, vus sous tous les rapports, sont en opposition avec les êtres animés, qui ont été les sujets de