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LXI
PAR VICQ D’AZYR.

le merveilleux de la prévoyance attribuée aux insectes ; il rappela les hommes à l’étude de leurs propres organes ; et, dédaignant toute méthode, ce fut à grands traits qu’il dessina ses tableaux. Autour de l’homme, à des distances que le savoir et le goût ont mesurées, il plaça les animaux dont l’homme a fait la conquête ; ceux qui le servent près de ses foyers, ou dans les travaux champêtres ; ceux qu’il a subjugués et qui refusent de le servir ; ceux qui le suivent, le caressent, et l’aiment ; ceux qui le suivent et le caressent sans l’aimer ; ceux qu’il repousse par la ruse ou qu’il attaque à force ouverte ; et les tribus nombreuses d’animaux qui, bondissant dans les taillis, sous les futaies, sur la cime des montagnes, ou au sommet des rochers, se nourrissent de feuilles et d’herbes ; et les tribus redoutables de ceux qui ne vivent que de meurtre et de carnage. À ces groupes de quadrupèdes il opposa des groupes d’oiseaux. Chacun de ces êtres lui offrit une physionomie, et reçut de lui un caractère. Il avoit peint le ciel, la terre, l’homme, et ses âges, et ses jeux, et ses malheurs, et ses plaisirs ; il avoit assigné aux divers animaux toutes les nuances des passions. Il avoit parlé de tout, et tout parloit de lui. Ainsi quarante années de vie littéraire furent pour M. de Buffon quarante années de gloire ; ainsi le bruit de tant d’applaudissements étouffa les cris aigus de l’envie, qui s’efforçoit d’arrêter son triomphe ; ainsi le dix-huitième siècle rendit à Buffon vivant les honneurs de l’immortalité.

M. de Buffon a décrit plus de quatre cents espèces d’animaux ; et, dans un si long travail, sa plume ne s’est point fatiguée. L’exposition de la structure et l’é-