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XXXVI
ÉLOGE DE BUFFON

naturelle dont il s’étoit le moins occupé ; mais son goût particulier n’influa point sur les fonctions de l’intendant du Jardin du Roi. Agrandi par ses soins, distribué de la manière la plus avantageuse pour l’enseignement et pour la culture, d’après les vues des botanistes habiles qui y président, ce jardin est devenu un établissement digne d’une nation éclairée et puissante. Parvenu à ce degré de splendeur, le Jardin du Roi n’aura plus à craindre sans doute ces vicissitudes de décadence et de renouvellement dont notre histoire nous a transmis le souvenir, et le zèle éclairé du successeur de M. de Buffon suffiroit seul pour en répondre à l’Académie et aux sciences.

Ce n’est pas seulement à sa célébrité que M. de Buffon dut le bonheur de lever les obstacles qui s’opposèrent long-temps à l’entier succès de ses vues ; il le dut aussi à sa conduite. Des louanges insérées dans l’Histoire naturelle étoient la récompense de l’intérêt que l’on prenoit aux progrès de la science, et l’on regardoit comme une sorte d’assurance d’immortalité l’honneur d’y voir inscrire son nom. D’ailleurs, M. de Buffon avoit eu le soin constant d’acquérir et de conserver du crédit auprès des ministres et de ceux qui, chargés par eux des détails, ont sur la décision et l’expédition des affaires une influence inévitable. Il se concilioit les uns en ne se permettant jamais d’avancer des opinions qui pussent les blesser, en ne paroissant point prétendre à les juger ; il s’assuroit des autres en employant avec eux un ton d’égalité qui les flattoit, et en se dépouillant de la supériorité que sa gloire et ses talents pouvoient lui donner. Ainsi, aucun des moyens de contribuer aux progrès de la