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ART. VII. PRODUCTION DES LITS DE TERRE.

moi-même toutes les carrières et toutes les chaînes de rochers qui se sont présentées à mes yeux, j’ai reconnu que cette opinion est fausse, et que les couches ou bancs de pierre ne penchent du côté du levant que lorsque le sommet de la colline penche de ce même côté ; et qu’au contraire, si le sommet s’abaisse du côté du nord, du midi, du couchant, ou de tout autre côté, les lits de pierre penchent aussi du côté du nord, du midi, du couchant, etc. Lorsqu’on tire les pierres et les marbres des carrières, on a grand soin de les séparer suivant leur position naturelle, et on ne pourroit pas même les avoir en grand volume si on vouloit les couper dans un autre sens. Lorsqu’on les emploie, il faut, pour que la maçonnerie soit bonne, et pour que les pierres durent long-temps, les poser sur leur lit de carrière (c’est ainsi que les ouvriers appellent la couche horizontale). Si, dans la maçonnerie, les pierres étoient posées sur un autre sens, elles se fendroient et ne résisteroient pas aussi long-temps au poids dont elles sont chargées. On voit bien que ceci confirme que les pierres se sont formées par couches parallèles et horizontales, qui se sont successivement accumulées les unes sur les autres, et que ces couches ont composé des masses dont la résistance est plus grande dans ce sens que dans tout autre.

Au reste, chaque couche, soit qu’elle soit horizontale ou inclinée, a, dans toute son étendue, une épaisseur égale ; c’est-à-dire, chaque lit d’une matière quelconque, pris à part, a une épaisseur égale dans toute son étendue : par exemple, lorsque, dans une carrière, le lit de pierre dure a trois pieds d’épaisseur en un endroit, il a ces 3 pieds d’épaisseur partout ;