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ART. III. SYSTÈME DE M. BURNET.

livre est élégamment écrit ; il sait peindre et présenter avec force de grandes images, et mettre sous les yeux des scènes magnifiques. Son plan est vaste ; mais l’exécution manque faute de moyens : son raisonnement est petit, ses preuves sont foibles, et sa confiance est si grande, qu’il la fait perdre à son lecteur.

Il commence par nous dire qu’avant le déluge la terre avoit une forme très différente de celle que nous lui voyons aujourd’hui. C’étoit d’abord une masse fluide, un chaos composé de matières de toute espèce et de toute sorte de figures : les plus pesantes descendirent vers le centre, et formèrent au milieu du globe un corps dur et solide, autour duquel les eaux, plus légères, se rassemblèrent et enveloppèrent de tous côtés le globe intérieur ; l’air, et toutes les liqueurs plus légères que l’eau, la surmontèrent et l’enveloppèrent aussi dans toute la circonférence : ainsi entre l’orbe de l’air et celui de l’eau il se forma un orbe d’huile et de liqueur grasse plus légères que l’eau. Mais comme l’air étoit encore fort impur, et qu’il contenoit une très grande quantité de petites particules de matière terrestre, peu à peu ces particules descendirent, tombèrent sur la couche d’huile, et formèrent un orbe terrestre mêlé de limon et d’huile ; et ce fut là la première terre habitable et le premier séjour de l’homme. C’étoit un excellent terrain, une terre légère, grasse, et faite exprès pour se prêter à la foiblesse des premiers germes. La surface du globe terrestre étoit donc, dans ces premiers temps, égale, uniforme, continue, sans montagnes, sans mers, et sans inégalités. Mais la terre ne demeura qu’environ seize siècles dans cet état ; car la chaleur du soleil,