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ART. II. SYSTÈME DE M. WHISTON.

l’orbe annuel de la terre, il n’est pas surprenant que la terre se trouve quelquefois enveloppée de la vapeur de cette queue ; c’est précisément ce qui est arrivé dans le temps du déluge : il n’a fallu que deux heures de séjour dans cette queue de comète pour faire tomber autant d’eau qu’il y en a dans la mer ; enfin cette queue étoit les cataractes du ciel : et cataractæ cœli apertæ sunt. En effet, le globe terrestre ayant une fois rencontré la queue de la comète, il doit, en y faisant sa route, s’approprier une partie de la matière qu’elle contient : tout ce qui se trouvera dans la sphère de l’attraction du globe doit tomber sur la terre, et tomber en forme de pluie, puisque cette queue est en partie composée de vapeurs aqueuses. Voilà donc une pluie du ciel qu’on peut faire aussi abondante qu’on voudra, et un déluge universel dont les eaux surpasseront aisément les plus hautes montagnes. Cependant notre auteur, qui, dans cet endroit, ne peut pas s’éloigner de la lettre du livre sacré, ne donne pas pour cause unique du déluge cette pluie tirée de si loin ; il prend de l’eau partout où il y en a : le grand abîme, comme nous avons vu, en contient une bonne quantité. La terre, à l’approche de la comète, aura sans doute éprouvé la force de son attraction : les liquides contenus dans le grand abîme auront été agités par un mouvement de flux et de reflux si violent, que la croûte superficielle n’aura pu résister ; elle se sera fendue en divers endroits, et les eaux de l’intérieur se seront répandues sur la surface : et rupti sunt fontes abyssi.

Mais que faire de ces eaux que la queue de la comète et le grand abîme ont fournies si libéralement ?