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THÉORIE DE LA TERRE.

dans leur mouvement d’impulsion : elles paroissent à cet égard absolument indépendantes les unes des autres. Les planètes, au contraire, tournent toutes dans le même sens autour du soleil, et presque dans le même plan, n’y ayant que sept degrés et demi d’inclinaison entre les plans les plus éloignés de leurs orbites. Cette conformité de position et de direction dans le mouvement des planètes suppose nécessairement quelque chose de commun dans leur mouvement d’impulsion, et doit faire soupçonner qu’il leur a été communiqué par une seule et même cause.

Ne peut-on pas imaginer, avec quelque sorte de vraisemblance, qu’une comète, tombant sur la surface du soleil, aura déplacé cet astre, et qu’elle en aura séparé quelques petites parties auxquelles elle aura communiqué un mouvement d’impulsion dans le même sens et par un même choc, en sorte que les planètes auroient autrefois appartenu au corps du soleil, et qu’elles en auroient été détachées par une force impulsive commune à toutes, qu’elles conservent encore aujourd’hui ?

Cela me paroît au moins aussi probable que l’opinion de M. Leibnitz, qui prétend que les planètes et la terre ont été des soleils ; et je crois que son système, dont on trouvera le précis à l’article cinquième, auroit acquis un grand degré de généralité et un peu plus de probabilité s’il se fût élevé à cette idée. C’est ici le cas de croire avec lui que la chose arriva dans le temps que Moïse dit que Dieu sépara la lumière des ténèbres ; car, selon Leibnitz, la lumière fut séparée des ténèbres lorsque les planètes s’éteignirent. Mais ici la séparation est physique et réelle, puisque