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XVII
PAR CONDORCET.

sages mêmes d’y arrêter leurs regards et de les contempler sans rougir !

Les observations dispersées dans les livres des anatomistes, des médecins et des voyageurs, forment le fond de ce tableau, offert pour la première fois aux regards des hommes avides de se connoître et surpris de tout ce qu’ils apprenoient sur eux-mêmes, et de retrouver ce qu’ils avoient éprouvé, ce qu’ils avoient vu sans en avoir eu la conscience ou conservé la mémoire.

Avant d’écrire l’histoire de chaque espèce d’animaux, M. de Buffon crut devoir porter ses recherches sur les qualités communes à toutes, qui les distinguent des êtres des autres classes. Semblables à l’homme dans presque tout ce qui appartient au corps ; n’ayant avec lui dans leurs sens, dans leurs organes, que ces différences qui peuvent exister entre des êtres d’une même nature, et qui indiquent seulement une infériorité dans les qualités semblables ; les animaux sont-ils absolument séparés de nous par leurs facultés intellectuelles ? M. de Buffon essaya de résoudre ce problème, et nous n’oserions dire qu’il l’ait résolu avec succès. Craignant d’effaroucher des regards faciles à blesser en présentant ses opinions autrement que sous un voile, celui dont il les couvre a paru trop difficile à percer. On peut aussi lui reprocher, avec quelque justice, de n’avoir pas observé les animaux avec assez de scrupule ; de n’avoir point porté ses regards sur des détails petits en eux-mêmes, mais nécessaires pour saisir les nuances très fines de leurs opérations. Il semble n’avoir aperçu dans chaque espèce qu’une uniformité de procédés et d’habitudes,