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THÉORIE DE LA TERRE.

dans laquelle nous avons pénétré. La première chose qui se présente, c’est l’immense quantité d’eau qui

    produit dans le commencement de plus grandes cavernes et de plus grandes inégalités dans les climats où elle agissoit le plus puissamment. C’est par cette raison que les plus hautes montagnes et les plus grandes profondeurs se sont trouvées voisines des tropiques et de l’équateur ; c’est par la même raison qu’il s’est fait dans ces contrées méridionales plus de bouleversements que nulle part ailleurs. Nous ne pouvons déterminer le point de profondeur auquel les couches de la terre ont été boursoufflées par le feu et soulevées en cavernes ; mais il est certain que cette profondeur doit être bien plus grande à l’équateur que dans les autres climats, puisque le globe, avant sa consolidation, s’y est élevé de six lieues un quart de plus que sous les pôles. Cette espèce de croûte ou de calotte va toujours en diminuant d’épaisseur depuis l’équateur, et se termine à rien sous les pôles. La matière qui compose cette croûte est la seule qui ait été déplacée dans le temps de la liquéfaction, et refoulée par l’action de la force centrifuge ; le reste de la matière qui compose l’intérieur du globe, est demeuré fixe dans son assiette, et n’a subi ni changement, ni soulèvement, ni transport : les vides et les cavernes n’ont donc pu se former que dans cette croûte extérieure ; elles se sont trouvées d’autant plus grandes et plus fréquentes que cette croûte étoit plus épaisse, c’est-à-dire plus voisine de l’équateur. Aussi les plus grands affaissements se sont faits et se feront encore dans les parties méridionales, où se trouvent de même les plus grandes inégalités de la surface du globe, et, par la même raison, le plus grand nombre de cavernes, de fentes, et de mines métalliques qui ont rempli ces fentes dans le temps de leur fusion ou de leur sublimation.

    L’or et l’argent, qui ne font qu’une quantité, pour ainsi dire, infiniment petite en comparaison de celle des autres matières du globe, ont été sublimés en vapeurs, et se sont séparés de la matière vitrescible commune par l’action de la chaleur, de la même manière que l’on voit sortir d’une plaque d’or ou d’argent exposée au foyer d’un miroir ardent, des particules qui s’en séparent par la sublimation, et qui dorent ou argentent les corps que l’on expose à cette vapeur métallique : ainsi l’on ne peut pas croire que ces métaux, susceptibles de sublimation, même à une chaleur médiocre, puissent être entrés en grande partie dans la composition du globe, ni qu’ils soient placés à de grandes profondeurs dans son intérieur. Il en est de même de tous les autres