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RÉPONSE

À M. DE LA CONDAMINE,

Le jour de sa réception à l’Académie Françoise, le lundi 21 janvier 1761



Monsieur,

Du génie pour les sciences, du goût pour la littérature, du talent pour écrire, de l’ardeur pour entreprendre, du courage pour exécuter, de la constance pour achever, de l’amitié pour vos rivaux, du zèle pour vos amis, de l’enthousiasme pour l’humanité : voilà ce que vous connoît un ancien ami, un confrère de trente ans, qui se félicite aujourd’hui de le devenir pour la seconde fois[1].

Avoir parcouru l’un et l’autre hémisphère, traversé les continents et les mers, surmonté les sommets sourcilleux de ces montagnes embrasées, où des glaces éternelles bravent également et les feux souterrains et les ardeurs du midi ; s’être livré à la pente précipitée de ces cataractes écumantes, dont les eaux suspendues semblent moins rouler sur la terre que descendre des nues ; avoir pénétré dans ces vastes déserts, dans ces solitudes immenses, où l’on trouve à peine quelques vestiges de l’homme, où la nature, accoutumée au plus profond silence, dut être étonnée de

  1. J’étois depuis très long-temps confrère de M. de La Condamine à l’Académie des Sciences.