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avec la marne, qui en diffère essentiellement, en ce qu’elle est toujours plus ou moins mélangée de matière calcaire, ce qui la rend plus ou moins susceptible de calcination et d’effervescence avec les acides, au lieu que l’argile blanche résiste à leur action, et que, loin de se calciner, elle se durcit au feu. Au reste, il ne faut pas prendre dans un sens absolu la distinction que je fais ici de l’argile pure et de la glaise ou argile impure ; car dans la réalité il n’y a aucune argile qui soit absolument pure, c’est-à-dire parfaitement

    peut-être contribuer à fixer les doutes des naturalistes et à la faire mettre au rang des crustacés ou des coquilles fossiles[NdÉ 1] ; ce qui me paraît d’autant plus évident qu’elle est calcinable dans toutes ses parties, comme le têt des oursins et les coquilles, et au même degré de feu.

    Depuis seize pieds jusqu’à vingt, les lits d’argile avaient jusqu’à dix pouces d’épaisseur, ils étaient beaucoup plus durs que les précédents, d’une couleur encore plus brune, et toujours coupés par des fentes perpendiculaires, mais plus éloignées les unes des autres que dans les lits supérieurs ; leur superficie était d’un jaune couleur de rouille, qui ne pénétrait pas ordinairement dans l’intérieur des couches ; mais lorsque les stillations des eaux avaient pu y introduire cette terre jaune qui avait coloré leur superficie, on trouvait souvent entre leurs stratifications des espèces de concrétions pyriteuses plates, rondes, d’un jaune brun, d’environ un pouce ou un pouce et demi de diamètre, et qui n’avaient pas un quart de pouce d’épaisseur : ces sortes de pyrites étaient placées dans les couches, sur la même ligne, à un pouce ou deux de distance, et se communiquaient par un cordon cylindrique de même matière, un peu aplati, et de deux à trois lignes d’épaisseur.

    À cette profondeur, on continua d’en trouver entre les couches du gypse ou pierre spéculaire, dont les grains étaient plus gros, plus transparents et plus réguliers ; il s’en trouva même des morceaux de la longueur d’un écu, qui étaient formés par des rayons tendant au centre ; on commença aussi à apercevoir entre ces couches et dans leurs fentes perpendiculaires, quelques concrétions de charbon de terre, ou plutôt de véritable jayet, sous la forme de petites lames minces, dures, cassantes, très noires et très luisantes ; ces couches contenaient encore à peu près les mêmes espèces de coquilles que les couches supérieures, et on trouva de plus, dans celles-ci, quantité de petites pinnes et de petits buccins : à la profondeur de seize pieds, l’eau se répandit dans la fouille, et elle paraissait sortir de toute sa circonférence, par de petites sources qui fournissaient dix à onze pouces d’eau pendant la nuit.

    À vingt pieds, même quantité d’argile, dont les couches avaient augmenté encore en épaisseur et en dureté, et dont la couleur était plus foncée ; elles contenaient les mêmes espèces de coquilles et toujours des concrétions de plâtre.

    À vingt-quatre pieds, mêmes matières, sans aucun changement apparent ; on trouva à cette profondeur une pinne de près d’un pied de longueur, à vingt-huit pieds la terre était presque aussi dure que la pierre, et on n’aperçut presque plus de gypse ou pierre spéculaire ; on en trouva cependant encore un morceau de la longueur de la main ; ces couches contenaient une grande quantité de coquilles fossiles, et surtout différentes espèces de cornes d’Ammon, dont les plus grandes avaient près d’un pied de diamètre.

    De vingt-huit pieds à trente-six, mêmes matières et de même qualité : à cette profondeur on trouva un lit de pierres argileuses très bonnes et de la couleur des couches terreuses, dans lesquelles on cessa absolument d’apercevoir du gypse ; il y en avait cependant encore quelques veines dans l’intérieur de cette pierre, mais qui n’avait plus la transparence de la sélénite ou pierre spéculaire : cette pierre contenait aussi d’autres petites veines de charbon de terre ; il s’en sépara même, en la cassant, quelques morceaux de la grandeur d’environ cinq ou six pouces en carré et d’un doigt d’épaisseur, parmi lesquels il y en avait plusieurs qui étaient traversés de quelques filets d’un jaune brillant. Ce lit de pierre avait trois ou quatre pouces d’épaisseur, il couvrait toute la fouille, et était coupé comme les couches terreuses, par des fentes perpendiculaires : la terre qui était dessous, dans l’espace de quelques pieds de profondeur, était un peu moins brune que celle des couches précédentes, et on y

  1. Les bélemnites ne sont pas des crustacés, mais des mollusques fossiles voisins de nos calmars.