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en temps le fond s’est cristallisé en rayons de schorl ; alors cette espèce de porphyre vert se rapproche beaucoup de l’espèce du granit qui est mêlé de schorl au lieu de mica. La quatrième à fond vert foncé de la nature du trapp, comme celle du précédent, avec de petites taches blanches serrées, oblongues comme du schorl, rarement d’une figure régulière ou déterminée, mais entrelacées les unes dans les autres et repliées comme de petits vers ; les ouvriers appellent cette variété porphyre vert fleuri. La cinquième d’un fond vert clair de la nature du trapp, avec de petites taches oblongues, de figure déterminée, et détachées les unes des autres, et de petits rayons de schorl noir[1]. »

Je ne puis m’empêcher d’observer encore que cet habile minéralogiste confond ici le schorl avec le feldspath dans sa description de la première variété du porphyre vert, et qu’en même temps qu’il semble attribuer au feu la formation de cette pierre, il dit qu’on y trouve des agates ; or, l’agate étant formée par l’eau, il n’est pas probable que cette pierre de porphyre ait été pour le reste produite par le feu, à moins d’imaginer que l’agate s’est produite par infiltration dans les bulles dont M. Ferber remarque que cette pierre est soufflée.

Je remarquerai aussi que, sur ces cinq variétés, il n’y a que les deux premières qui soient de vrais porphyres, et qu’à l’égard des trois dernières variétés dont le fond n’est pas de jaspe, mais de la matière tendre appelée trapp, on ne doit pas les mettre au nombre des porphyres, puisqu’elles en diffèrent non seulement par leur moindre dureté, mais même par leur composition, et autant que le jaspe diffère du trapp : ceci nous démontre que M. Ferber a confondu, sous le nom de porphyre, plusieurs substances qui sont d’une autre essence, et que celles qu’il nomme serpentines noires antiques et serpentines vertes antiques sont peut-être, comme le trapp, des matières différentes du porphyre ; nous pouvons même dire que ceux qui, comme M. Ferber, dans le Vicentin, et M. Soulavie, dans le Vivarais, n’ont observé la nature qu’en désordre, n’ont pu prendre que de fausses idées de ses ouvrages et se méprendre sur leur formation. Dans ces terrains bouleversés, les matières produites par le feu primitif, mêlées à celles qui ont ensuite été formées par le transport ou l’intermède de l’eau, et toutes confondues avec celles qui ont été altérées, dénaturées ou fondues par le feu des volcans, se présentent ensemble ; ils n’ont pu reconnaître leur origine ni même les distinguer assez pour ne pas tomber dans de grandes erreurs sur leur formation et leur essence ; il me paraît donc que, quoique M. Ferber soit l’un des plus attentifs de ces observateurs, on ne peut rien conclure de ses descriptions et observations, sinon qu’il se trouve dans ces terrains vulcanisés des matières presque semblables aux vrais porphyres ; et, si cela est, n’y a-t-il pas toute raison de penser avec moi que le feu primitif a formé les premiers porphyres, dans lesquels je n’ai admis que le mélange du jaspe, du feldspath et du schorl, parce que je n’ai jamais vu dans le porphyre des parties quartzeuses, et que je pense qu’il faut distinguer les vrais et anciens porphyres produits par le feu primitif de ceux qui l’ont été postérieurement par celui des volcans ? ceux-ci peuvent être mêlés de plusieurs autres matières de seconde formation, au lieu que les premiers ne pouvaient être composés que des verres primitifs, seules matières qui existaient alors.

Après le quartz, le jaspe, le mica, le feldspath et le schorl, qui sont les substances les plus simples, on peut donc dire que, de toutes les autres matières en grandes masses et produites par le feu, le porphyre et les roches vitreuses, dont nous venons de parler, sont les plus simples, puisqu’elles ne contiennent que deux ou trois de ces premières substances : cependant ces mêmes roches vitreuses et les porphyres ne sont pas à beaucoup près aussi communs que le granit qui contient trois et souvent quatre de ces substances primitives ; c’est de toutes les matières vitreuses la plus abondante et celle qui se trouve en

  1. Lettres sur la minéralogie, p. 337 et suiv.