Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome II, partie 3.pdf/51

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

3o  Le quartz et le feldspath : il y a des roches de cette matière en Provence et en Laponie, d’où M. de Maupertuis nous en a apporté un échantillon[1]. Quelques naturalistes ont appelé cette pierre granit simple, parce qu’elle ne contient que du quartz et du feldspath sans mélange de mica ni de schorl ; et c’est de cette même composition qu’est formée la roche de Provence décrite par M. Angerstein[2] sous le nom mal appliqué de pétrosilex.

    de pierres que sont formées les montagnes voisines de Turin. On les nomme sarris ; on s’en sert pour les fondations des bâtiments, pour des colonnes, etc. » Lettres sur la minéralogie, par M. Ferber, p. 456.

    Le même M. Ferber (p. 344), en parlant d’un prétendu granit à deux substances, quartz et mica, s’exprime encore dans les termes suivants : « Quand il n’entre point du tout de spath dur (feldspath) dans la composition des granits, on nomme alors ce mélange de quartz et de mica hornberg, hornfels, gestellstein, ce qui vient de l’usage qu’on en fait dans les fourneaux de fonderie ; lorsque le mica y est plus abondant, la pierre est schisteuse. »

    Le nom de gestellstein (pierre de fondement ou base des fourneaux) me paraît aussi impropre que celui de schiste corné, pour désigner la matière vitreuse qui n’est composée que de quartz et de mica et non de schiste ; et M. le baron de Dietrich remarque avec raison (p. 491 et 492 des Lettres sur la minéralogie, note du traducteur) « qu’il y a beaucoup de roches composées qui n’ont aucune dénomination ; que d’autres, au contraire, en ont tant et de si indéterminées que l’on ne s’entend point lorsqu’on se sert de ces noms : par exemple, le granit, la roche cornée, ce qu’on nomme en allemand gestellstein, sont des noms que l’on confond souvent et que l’on applique mal. Chaque granit, proprement dit, doit renfermer du quartz, du spath dur (feldspath) et du mica ; mais on nomme aussi granit cette même espèce de pierre quand il n’y a pas de feldspath, tandis qu’alors elle doit être nommée roche cornée (en suédois, graeberg) ; car les parties essentielles de la roche cornée sont du quartz, dans lequel il y a des taches ou des raies grossières de mica, séparées les unes des autres ; mais lorsque ces raies de mica sont très rapprochées, et que par là la roche devient schisteuse ou feuilletée, on la nomme en allemand gestellstein, d’après l’usage que l’on en fait pour les fourneaux… On désigne aussi par roche de corne quelques cailloux (pétrosilex)… On ne devrait donner le nom de schiste corné qu’à l’espèce de pierre dans laquelle le quartz est intimement lié avec le mica, de manière qu’ils ne sauraient être distingués l’un de l’autre à la vue. »

    Le savant traducteur finit, comme l’on voit, à l’égard du prétendu schiste corné, par tomber dans la mauvaise application des noms qu’il censure.

  1. Il s’en est aussi trouvé depuis dans les Alpes : « J’ai trouvé dans les environs de Genève, dit M. de Saussure, deux variétés du granit simple, c’est-à-dire composé seulement de quartz et de feldspath : dans l’une, un feldspath blanc forme le fond de la pierre, et le quartz y est parsemé par petits grains ; dans l’autre un feldspath de couleur fauve est entremêlé, à dose à peu près égale, avec du quartz blanc fragile. » Voyage dans les Alpes, t. Ier, p. 103.
  2. « Dans la forêt de l’Esterelle en Provence, entre Cannes et Fréjus, il y a une montagne de roche grossière et grisâtre, entremêlée de mica, de quartz et de feldspath, les mêmes espèces qui entrent dans la composition des granits, avec cette différence qu’elles sont plus mûres, plus fines et plus compactes dans ceux-ci que dans l’autre… Et plus loin on trouve une pierre rougeâtre appelée pétrosilex, c’est-à-dire caillou de roche, qui est la mère des porphyres et des jaspes, de même que la pierre brute grise, dont je viens de parler, est la mère des granits. On trouve des pétrosilex qui sont noirs, bruns, rougeâtres, verts et bleuâtres.

    » À mesure qu’on avance, cette pierre devient plus dure ; on y voit des taches opaques d’un petit feldspath, semblables à celles qu’on voit dans le porphyre d’Égypte : on y aperçoit aussi de petites taches de plomb, lesquelles se trouvent aussi, quoique rarement, dans les porphyres antiques ; ces taches sont cristallisées comme les autres ; mais on juge par la couleur que c’est un minéral qu’on appelle molybdène, lequel, aussi bien que le schorl ou le corneus cristallisatus, peut être compté parmi les minéraux inconnus… Vers le